À l’abbatiale, un décor médiéval exceptionnel découvert
Article extrait de Ouest-France, publié le 29/09/2022
Redon. À l’abbatiale, un décor médiéval exceptionnel découvert en cours de chantier
Les travaux de l’abbatiale Saint-Sauveur, à Redon (Ille-et-Vilaine) ont commencé il y a neuf mois. Mais comment avancent-ils ? La nouvelle architecte en charge du chantier, Inès Bothorel, nous répond et partage surtout une importante découverte faite en cours de route.
Marc Droguet, adjoint au maire de Redon et Inès Bothorel, architecte du patrimoine au sein du cabinet Gatier,
montre l’avancée des travaux de la voûte du chœur de l’abbatiale. | OUEST-FRANCE
Les travaux se poursuivent du côté de l’abbatiale Saint-Sauveur à Redon (Ille-et-Vilaine), et en cours de route, une belle découverte a été faite. C’était au mois d’août 2022 et il s’agit d’un décor peint exceptionnel, d’époque médiévale.
Des découvertes de décor peint du XIIe siècle avaient déjà été faites entre la coupole et le transept en 1997, alors on se doutait qu’on allait en trouver d’autres, lance Inès Bothorel, la nouvelle architecte du patrimoine au sein du cabinet Pierre-Antoine Gatier, en charge du chantier de restauration du chœur et des chapelles, qui rayonnent autour, en intérieur et extérieur.
C’est notamment le tracé d’un moine en train de chanter et tenant quelque chose dans ses mains qui a été découvert sur l’arc diaphragme, jonction entre la nef romane et le chœur gothique, reconstruit au XVIIe siècle après un incendie. Pour l’apercevoir, il faut monter quelques étages d’un échafaudage. Sur la pierre, on aperçoit le drapé de son vêtement, puis un étage plus haut, son visage.
Le visage du moine, découvert pendant le chantier. | OUEST-FRANCE
En réalité, les fenêtres de sondage réalisées dans le cadre du travail archéologique, ont permis de mettre au jour deux décors peints superposés. Le premier est un décor roman datant du XIIe siècle, et par-dessus, on trouve un décor gothique datant du milieu du XIIIe siècle au début du XIVe siècle, détaille l’architecte.
Une découverte qui confirme l’importance de l’abbatiale
Mais ce qui rend cette découverte vraiment exceptionnelle, c’est la taille des décors. Ils occupaient toute la surface du diaphragme »,souligne l’architecte. L’utilisation des pigments verts et bleus visibles sur les décors a aussi son importance. Le bleu et le vert étaient à l’époque plus chers que le doré. Ils sont donc en train d’être analysés en laboratoire pour les identifier. Mais on peut déjà dire que l’utilisation de ces pigments confirme l’importance de l’abbatiale à l’échelle de la Bretagne, explique Inès Bothorel. Ce n’est pas tout, il n’y a que très peu de décors peints de cette période conservés en Bretagne.
À l’heure actuelle, un travail de collecte de toutes les informations sur les décors est en cours. Ils sont documentés pour être archivés, explique l’architecte. En revanche, ils seront ensuite recouverts. Il y a beaucoup de parties manquantes, des lacunes, les deux décors ne forment pas un ensemble cohérent pour être conservés ainsi. Ils ne sont pas compréhensibles, poursuit Inès Bothorel.
D’autant plus qu’il n’est pas question d’y toucher pour les architectes. En accord avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), que ce soit pour les décors peints ou les autres éléments de l’abbatiale, on a choisi de garder chaque strate de restauration. Elles font partie de l’histoire de l’édifice.
Marc Droguet, adjoint au maire de Redon, Gwénolé Allain, directeur des affaires culturelles de la ville de Redon et Inès Bothorel, architecte du patrimoine au sein du cabinet Gatier, font le point sur les travaux de l’Abbatiale Saint-Sauveur. | OUEST-FRANCE
Plusieurs corps de métier y travaillent simultanément
Outre cette découverte, la restauration de l’abbatiale se poursuit à d’autres étages. Pose d’ardoises sur le transept sud, versant est, travail de charpente au niveau du chœur, nettoyage des parements intérieurs et travail de maçonnerie sur les extérieurs sont en cours. Maçons, charpentiers, vitraillistes et autres corps de métier y travaillent en simultanée. À l’extérieur, le soubassement a été rénové et les dalles de schistes qui le recouvrent ont été remplacées en partie. Il y avait des infiltrations d’eau. Il était important d’assainir cette partie sur laquelle repose l’abbatiale.
Le soubassement de l’abbatiale a été rénové. | OUEST-FRANCE
La voûte du chœur de l’abbatiale se dévoile. | OUEST-FRANCE
Tout en haut du chœur de l’abbatiale, la voûte passe également entre les mains de restaurateurs. Elle est en cours de nettoyage et elle vient déjà de gagner beaucoup de clarté. Elle était très encrassée. Plusieurs couleurs de badigeons sont visibles. Des essais sont en cours pour trouver la couleur exacte utilisée lors de la dernière restauration, un gris clair. Le décor de plâtre en trompe-l’œil du XIVe siècle est également en train d’être restauré. Le chantier, et peut-être encore d’autres surprises, va se poursuivre jusqu’en 2024, pour la première phase des travaux.