[Ouest-France] Noël en paroisse au Pays de Redon
Redon. » Noël doit être le temps de la fraternité et de l’apaisement «
Article paru dans Ouest-France du 21 décembre 2020, recueilli par Alexandre Stephant
Les catholiques des paroisses du pays de Redon vont pouvoir fêter la Nativité dans leurs églises. Le père Paul Habert, curé des paroisses Saint-Conwoïon et Saint-Melaine en pays de Redon, revient sur cette année chahutée qui questionne la foi.
Comment vous et les fidèles redonnais avez vécu cette année ?
C’est compliqué. Compliqué parce qu’il y a désormais de la distance, du stress, de l’angoisse et toutes ces normes sanitaires. Pour les prêtres, il a fallu s’organiser en trois jours et chambouler toutes les messes avec le confinement. Le plus difficile était de ne plus pouvoir rencontrer personne. Organiser des enterrements au cimetière en petit comité a été marquant.
Qu’est-ce qui a le plus changé dans votre pratique ?
On n’a pas pu fêter Pâques. Nous avons réussi à faire les baptêmes d’adultes en juillet puis les confirmations à l’automne. On s’adapte en fonction des directives mais il y a une fatigue psychologique. Ce que j’observe c’est que la demande de visite à domicile a été forte. Évidemment, ça n’a pas été possible pour nous lors du premier confinement. Au deuxième, on a fait en sorte de garder un lien avec tous les gestes barrière. Le besoin est énorme. Imaginez la détresse de ces gens chez eux qui ne voient plus personne. Catholique ou pas, rendre visite a été ma priorité. Le père Paul Habert est le curé des paroisses de Saint-Melaine et Saint-Conwoïon en pays de Redon. Le père Paul Habert est le curé des paroisses de Saint-Melaine et Saint-Conwoïon en pays de Redon.
Le Père Paul Habert est le curé des paroisses de Saint-Melaine et Saint-Conwoïon en pays de Redon | Archives Ouest-France
Que vous disent ces personnes visitées ?
Elles sont souvent âgées. Elles vivent mal l’isolement et la solitude. Ne plus pouvoir embrasser les enfants et les petits-enfants leur pèse énormément. En cette période de Noël, c’est encore plus difficile. Et puis, on ne les revoit plus à la messe car il y a la peur de ce virus. Il y a aussi les gens déjà seuls qui le sont un peu plus.
Une année aussi difficile ne questionne-t-elle pas la foi ?
C’est une épreuve. Je connais des gens de 40 ans qui font des AVC, d’autres qui sont hospitalisés d’urgences et il y a ceux que nous perdons. On interpelle alors le Seigneur. D’un autre côté, le confinement a permis à certains de faire silence et de retrouver le goût de la prière. Pour d’autres c’est même une découverte de la foi que d’être ramené à l’état intérieur.
Il n’y a pas eu à Redon de mobilisation pour le retour des messes. Pourquoi, selon vous ?
Nous avons une population plus posée, rurale. Elle est aussi à risque avec l’âge. Ce n’est pas pareil d’avoir des paroisses avec 6 à 8 églises à la campagne qu’une seule à gérer avec une église et une population jeune. La demande n’est pas la même. Après on peut bien sûr prier ensemble sans être au même endroit, dans une église, mais il y a aussi l’envie de se retrouver. Se retrouver pour faire silence notamment.
Faire silence ?
On sent beaucoup de violences et d’agressivité qui se matérialisent tous les jours avec les coups de klaxon. C’est une forme de colère intérieure. Il faut rester simple avec beaucoup d’espérance. Faire silence, c’est mieux que de regarder la télé non ?
L’espérance, c’est votre message de Noël ?
L’espérance, c’est le message de la Nativité à travers cet enfant qui vient au monde au cœur de l’hiver, promesse d’un monde de paix. Chacun pourra prier pour ce monde. On en a besoin. Je souhaite le meilleur à tous et de vivre ces moments dans la fraternité et l’apaisement. C’est fondamental.